18 novembre 2014

La colère de Gattazounet l'assisté

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C'est-y pas de l'énervement ça ! Gattazounet Junior veut en finir avec l'Impôt sur la Fortune (juste un gadget fiscal plus symbolique qu'autre chose). Reconnaissons au fils à papa une constante dans la défense des intérêts de son club fermé.

Un article de La Voix Du Nord m'apprend aujourd'hui que Radiall, la florissante entreprise du patron du MEDEF  "n’a payé que 202 000 euros d’impôt l’an dernier, alors qu’elle en recevait 876 000 au titre du crédit impôt compétitivité emploi" (Rappel : Le CICE est un truc magique ciblé avec les pieds qui devait tout résoudre. Comme prévu par tous, sauf par notre secte de croyants de la croissance par subvention du capital, autrement nommée "gouvernement", ces cadeaux aux entreprises n'ont pas rapporté un seul job à la collectivité. A elle désormais de régler une ardoise (entre autres) de 20 Milliards sous forme d'austérité dans sa gueule.

Résumons. Gattaz verse 2, il touche 9. Ça c'est de la compétitivité française ! C'est clairement plus avantageux que les cotisations salariales et ta mutuelle complémentaire. De quoi laisser du temps à mon Pierrot pour chialer dans les médias que le chômeur n'est pas assez salarié et que le salarié, cette dispendieuse sangsue, doit être éradiqué. Ce ne serait pas si grave (si l'on fait abstraction de l'argent qui aurait pu servir à construire des hôpitaux ou payer des enseignants) si notre assisté à l'ISF ne donnait pas le tempo de l'incessant tango du Je t'aime moi non plus avec un gouvernement "pro-business" qui  lui léche les pieds un jour et fait semblant de le sermonner le lendemain.

Pour éviter que l'on me taxe encore d'anti-entreprise : Gattaz est autant une insulte aux travailleurs qu'aux patrons dont la majorité, comme le reste des Français, ne sont pas soumis à l'ISF et dont Pierrot n'a absolument rien à carrer. Rappelons son équation personnelle que nos chercheurs bénévoles ont eu loisir de déchiffrer dans la file d'attente au guichet Pole Emploi :

Pognon public + propagande morale avec violons au JT + salariés pas payés sur optimisation fiscale au cube  = dans la poche à Gattaz.

T'en veux du vrai gros scandale mon Pierrot ? 1% des Français les plus riches possèdent autant que 70% des Français les plus pauvres (en gros nous tous, Étude OXFAM 2014). Et ça, quelque chose me dit que c'est TRÈS mauvais pour "la croissance". La notre évidemment, pas la tienne puisque jamais dans l'histoire de ce pays, les riches moralisateurs du travail des pauvres ne sont aussi bien portés.

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3 novembre 2014

Osez Gone Girl

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Et pan ! Osez le féminisme démonte le dernier film de David Fincher : Gone Girl (lui offrant un beau repêchage publicitaire au passage).

L'histoire : Le jour de son cinquième anniversaire de mariage, l'épouse d'un gaillard un peu mou mais sympa disparaît. Elle est belle, un peu connue, très vite l'histoire est médiatisée. Tout accuse le mari (dont on découvre qu'il n'est pas si mou ni sympa que ça)... Mais bon ce n'est pas si simple, c'est pas celui qui dit qui est, mon père n'est pas vitrier mais je vois quand même à trois cent bornes une odieuse machination de la madame (c'est que j'ai des années de Faites entrer l'accusé derrière moi).

Il ne reste plus qu'à espérer que Zemmour, vouant déjà aux gémonies le sulfureux soap pour pré-pubères Hélène et les Garçons, ne tombe pas dessus avant 2040 : il aurait là de quoi écrire un pamphlet dithyrambique sur le renouveau vengeur du pop-corn cinéma de la middle-class dévirilisée,  trop longtemps sous la coupe du complot feminoburné à la solde de l'homodomination hollywoodienne (ou à peu près).

Il faut dire que le dernier thriller de Fincher est un cas rare de film raté, mais réussi

Raté : reboot conjugal de Liaison fatale, le film est lourdingue, pas crédible deux secondes et, victime de ce complexe de ne pas être une série télé, il s’enfonce dans la surenchère des rebondissements en s’évertuant à compacter en près de trois heures ce qu’il aurait gagné à diluer en six sur HBO

Réussi : Fincher embrasse avec talent les sujets latéraux : la part de secret dans le couple (on notera d’ailleurs que l’on ne progresse pas d’un iota sur le sujet du début à la fin), la dissolution de la personnalité dans le rapport amoureux (la grande terreur du moment), l'auto-peopolisation de nos vies et la contamination totale du cynisme : des institutions jusqu’à la sphère intime en passant par la famille.

On en sort perturbé, pas tant par ce que l’on a vu mais par ce que l’on est amené à en projeter sur notre propre vie. Malgré ses grosses ficelles de film de genre, il faut croire que le récit est encore trop dans la nuance pour certains parlant d'"apologie de la violence masculine" et d'"illustration parfaite des thèses masculinistes". Bof. A la rigueur, c'est un film pro-célibat.

Malgré son registre de polar et le léger pet-au-casque du personnage féminin (je ne spoile rien du tout, ça se devine à la première image et l’autre traduction possible de Gone Girl est « fille timbrée, irrécupérable »), le film pointe en les caricaturant comme il faut (plus ce serait de la farce) les névroses de notre société : du culte de la performance généralisé et de l’esprit selfie qui nous carbonise la raison. 

Au fond, Gone Girl est un film miroir qui informe d'abord sur la qualité de celui qui regarde. Moi j'y ai vu une fille dingue et une société qui ne va pas beaucoup mieux. 

Mais je suis très basique. Normal, je suis un homme.

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