8 novembre 2012

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La victoire d'Obama ou le second crash-system de la droite forte

Ah si seulement le droit de vote était réservé aux vieux mâles blancs cons, riches et isolés l'occident n'en serait pas là, fulminent-ils. Le suspens était donc gonflé aux hormones de droite: Barack Obama est réélu président des Etats-Unis et mieux que ses détracteurs ne le pensaient. 

A en suivre les commentateurs et les chaines d’info continue, ici comme là-bas, cette réélection est un "exploit", à deux doigts de l'inconvenante surprise. Passé le délice matinal de survoler les tweets de nos libertarés locaux et autres apprentis néo-cons qui se voyaient déjà en haut de l'affiche à Broadway, et d'un billet d'Ivan Rioufol (le journaliste du Figaro capable dans un même billet de s'insurger contre le "monde globalisé" tout en souhaitant plus de libéralisme) s'insurgeant de cette victoire de "la diversité" (on appelle ça aussi le peuple), nous ne poussons un grand ouf de soulagement. S'il ne soulève pas le même espoir qu'en 2008, ce résultat rassure sur la robustesse des peuples. La campagne financée à coup de dons de 3 dollars décroche la timbale face à celle sponsorisée par les banques et les grosses entreprises

Au niveau tricolore, après l'éparpillement façon puzzle de l'UMP d'il y a six mois, la réélection d'Obama en conjoncture merdique valide la faiblesse des stratégies électorales de type "droite forte" à la Copé-Peltier. En plus de sa richesse un peu trop affichée et de sa relégation des classes populaires à la rubrique perte et fracas, le beau Mitt a pâti des énormités répétées sur la religion ou l'avortement de son aile la plus droitière. Sur un point encore plus anecdotique, mais si savoureux, cette victoire accélère un peu plus la date de péremption d'un retour politique de  Nicolas Sarkozy, monsieur Ouiwilleouinetouguézeure qui, entre autres prétentions, s'autopersuadait d'être le frère jumeau du grand Barack.

Seule ombre au tableau: une cohabitation toujours en place qui compromettra encore le volet social de l’action d'Obama. Cette victoire ne doit pas faire oublier non plus que des forces de hétéroclites, à priori incompatibles, se sont soudées en un temps record sous la présidence d'Obama, un peu à l’image de ce qui commence à se passer ici depuis six mois. Le mouvement des pigeons ou celui des anti-mariage pour tous sont les prémisses d'une coalition contradictoire allant des libéraux aux réactionnaires, en passant par les "apolitiques" et les couvertures des news magazines les plus célèbres, d’abord unis par leur terreur fiscale, le refus de "payer pour les autres" et la détestation d'une application, même vague, du socialisme. Avec, en prime, la sucette du repli identitaire apeuré saveur musulmanopéril.

Obama quittera la présidence six mois avant la fin du quinquennat Hollande en mai 2017. Notre droite a le temps d'ici là de mettre de l'eau plate dans son vin de messe, de faire des alliances avec une extrême droite ripolinée, de propulser un candidat fourre-tout à la Fillon (réussissant l'exploit de faire oublier qu'il a été cinq ans premier ministre et qu'il est aussi violent que Copé, voire plus). Le combat sera rude pour la gauche, d'autant que celle au pouvoir ne l'aide pas particulièrement ces temps-ci

Et comme l'on doit beaucoup à l'Ohio...

8 comments:

Anonyme a dit…

Seb, je lis et relis cette phrase "Au niveau de notre nombril tricolore, après l'éparpillement façon puzzle de l'UMP d'il y a six mois, la réélection d'Obama en conjoncture merdique valide que la faiblesse des stratégies électorales de type "droite forte" à la Copé-Peltier." et je ne la comprends pas du tout !

Toutatis a dit…

Il y a là une erreur grossière : Obama est financé par le lobby bancaire et les grandes entreprises, au moins autant que ses adversaires. D'ailleurs l'idéologie sous-jacente (diversité, quotas) est appliquée de manière fanatique par ces entreprises (voir l'Oréal ou les grandes écoles de commerce).

Seb Musset a dit…

@Toutatis Que des Banques du cote Romney dans le Top 5 des financements. Les mêmes de l'autre, obligatoirement, mais en quantité moindre et surtout, on retrouve des universités et les dons des particuliers.

@anonyme > Clair que c'est pas clair. Toujours hasardeux d'appliquer la politique étrangère sur sol français. A bien y regarder, les deux élections se ressemblent beaucoup côté droit : on a parié sur la radicalisation et c'est la radicalisation qui a perdu la droite. En partie en raison de la démographie. Maintenant la corde du "choix par défaut" va finir par s'user un jour ou l'autre. Ici et là-bas. Car l'autre point commun des 2 scrutins est le vote sans vraiment d'illusion.

Seb Musset a dit…

oui en plus en relisant la phrase, y a une coquille

seb a dit…

Merci d'avoir épinglé Rioufol et ses contradictions. C'est vraiment un puit de bêtises ce type.

Xav a dit…

euh, qu'est-ce qu'un "crash system" ?

J'ai un assez bon niveau en anglais et je ne connais que "system crash" (en informatique). ou "anti-crash system".
Ou alors ce serait un "système pour [aider] le crash"? Mais cela ne colle guère dans le contexte.

Mikael le Fou a dit…

Commentaire d'un vilain gauchiste américain sur la première action théorique du gentil Obama :D
http://youtu.be/jAcZvWFHImU

Il n'y a pas grand chose à dire sur Obamney, more of the same.
Les contributions sont certes plus grosse chez Romney
https://www.opensecrets.org/pres12/head2head.php?ql3

http://www.nytimes.com/2012/09/13/us/politics/obama-grows-more-reliant-on-big-money-contributors.html?pagewanted=all

Anonyme a dit…

Obama, un "libertaré" bien pire que tout ce que la droite peut imaginer en France, encensé par les gôchistes. mégalol.

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