30 janvier 2012

, , ,

Loyers chers et mal-logement, la droite répond: "Faites des vérandas !"

Dimanche, le président-candidat-mais-pas-candidat a fait son show multicanal en direct de la sale défaite de l'Elysée[1]. Devant ses laquais à pellicules, chausse-pied en extase et autre passeur de plats à brushing, il a profité de son impopularité pour aligner en toute décontraction, à 85 jours du scrutin, une poignée propositions bricolées in extremis parmi les plus antisociales de son quinquennat:

- Hausse de TVA de 19,6 à 21,2%. Diminuer le pouvoir d'achat favoriserait la relocalisation. Allons bon. Faudrait déjà que cela favorise la consommation tout court.

- Des accords d'entreprise "compétitivité-emploi". En décodé: une baisse des salaires et une hausse des heures à la carte pour le patronat. Les petits salaires et les 5 millions de chômeurs apprécieront.

1 / Bien qu'il nous assure ne pas voir de clivage entre la gauche et la droite, l'homme de droite table sur le fait que le mot gauche suscite un rejet encore plus profond dans l’opinion que son propre nom.

2 /  Avec son million de chômeurs en plus (par humilité il réduit le score à 500.000) et son trou de caisse de 500 milliards en 5 ans, c’est le moment où jamaisSi jamais il repasse, le gros du boulot argumentaire sacrificiel sera fait. Il appelle ça du "courage", nous qualifions ça de "coup de bluff" dans une partie de poker sans jeu. Perdu, il n'a rien à perdre. Je doute de l'effet. Plus que de l' antipathie à son égard, c'est désormais d'un déficit de crédibilité dont souffre notre président-candidat-mais-pas-candidat.

Je laisse à d'autres le soin de décrypter ce qui restera comme un moment fort de sa stratégie de l'échec, avec courbettes poussées (plus ce serait érotique) à Angela Merkel, quelques passages lacrymaux, la dose minimale de suffisance et un hommage final à Margaret Thatcher.

En revanche, revenons sur ces puissantes mesures sur le logement. Ses dévots nous assuraient qu'elles casseraient la baraque.


En fait de mesures puissantes, il n'y en au final qu'une seule, et bien déconnectée de l'urgence de la situation.D'ailleurs, elle ne concerne pas le logement pour tous mais, une fois encore, l'immobilier pour une poignée:

- Augmenter de 30% le COS. C'est-à-dire le droit à construire sur terrains ou maisons et immeubles déjà construits. 

Hormis le fait que cette libéralisation par le haut et par-dessus la jambe du bâtiment (là où il faudrait un encadrement rigoureux) provoquera un boxon pas possible au niveau local (elle sera problématique pour les maires, sans parler des diverses normes locales d'urbanisation), qu'on m'informe qu'elle a déjà été testée en 2009 dans le cadre de la loi Boutin pour un résultat nul, on s'étonnera d'un telle montagne en amont pour accoucher d'un simple droit à l'extension de son jardin d'hiver bénéficiant exclusivement à ceux qui ont de quoi s'offrir des travaux d'agrandissement.

Notons que cette mesure, la seule vaguement positive de la soirée pour le quotidien des propriétaires de pavillons à 4X4 nippon et nains de jardin (la cible), a été la première annoncée moins de 2 minutes après la prise d'antenne.

Ce n'est pas un hasard. La mesure vise l'électorat démobilisé de la France des propriétaires. La promesse d'une pièce supplémentaire, d'un élargissement de balcon ou de la construction d'un jacuzzi à vagues sans avoir à déposer un permis de construire, c'est petit niveau ambition, mais ça peut parler aux seigneurs du cocooning M6isé dont le home staging occupe les deux tiers des conversations.

Evidemment, au bout de quelques années d'application, une telle mesure n'apaisera en rien l'hystérie des loyers, ne résoudra pas le mal-logement massif des jeunes ni celui des 5.154.000 personnes en situation de réelle fragilité à court ou moyen terme, pas plus qu'elle n'arrangera les bidons des 2.778.000 qui vivent dans des conditions très difficiles et ne procurera pas un seul toit à l'un des 685.115 français qui n'en ont aucun[2].

Entre-temps, on peut en revanche tabler sur une explosion des chantiers individuels à la con un peu partout sur le territoire, avec coups de masse du soir au matin dans son immeuble ou scie circulaire en trois-huit le week-end dans le jardin du voisin: le chantier décoratif, dont personne ne profite, mais dont tout le monde subit les nuisances, étant un sport national.

Les gagnants potentiels? Les auto-entrepreneurs (aka auto-esclaves) du bâtiment, les organismes de crédit et surtout Leroy-Merlin où l'essentiel du pognon sera dépensé.[3]

En même temps, tu me diras, c'est raccord avec la hausse de TVA. 


[1] oui, dans un effort emploi-compétitivité, nous recyclons sans honte nos tweets.
[2] source. Fondation Abbé-Pierre 2011.
[2] Les promoteurs? Je n'en suis même pas sûr à moins de construire des logements discount dans des ghettos de 3e périphérie: les capacités d'endettement des ménages français plafonnent déjà.

13 comments:

Stéphane Grangier a dit…

Excellement dit Seb, je reconnais par là dans ton propriétaire de pavillon, quelque chose comme my brother.
Donc, déjà, un de ces électorats de base, dernier rempart derrière lequel se planquer avec un fusil à canon scié (et si possible en prenant en otage une maternelle "publique" (ouh le vilain mot) voisine).
Merci (tes billets sont aussi jolis et nécessaires qu'un peu de soleil dans un printemps revenu. Si si...)

Stéphane Grangier a dit…

Oublié de dire un truc. les salariés des entreprises maçonnerie qui viendront faire ton extension, déjà pas syndiqués parce qu'on n'est "pas des fainéants", devront se faire baiser dans les grandes largeurs par la direction qui décidera de tout, y compris et surtout, de la teneur de leur contrat (déjà que ça ressemble bien souvent à n'importe quoi...).
Seules les très grosses entreprises ont des syndicats permettant d'établir un rapport de force quand on leur propose des trucs aberrants pensés pour "faire réussir" les objectifs de l'entreprise, mais où, de ta personne, on s'en bat les couilles, t'as qu'à t'adapter, paske certains le font bien, hein !!!

Toutatis a dit…

Par contre ces mesures sur les COS pourraient avoir de l'effet si elles étaient accompagnées de la mesure de Hollande sur la taxation des terrains constructibles non construits (taxation augmentant avec le temps). Tout dépendant évidemment du montant de cette taxation.

Seb Musset a dit…

@Toutatis > En fait, maintenant que j'y pense, la mesure de Sarko est tout simplement l'opposée de celle que je proposais il y'a deux jours visant à taxer les espaces inoccupés.
Ici, il s'agit de favoriser la création de 30% de vide en plus.

Denis a dit…

Bonjour,

Il y a un truc qui n'est pas clair pour l'augmentation du COS : qu'en est-il du SHON ?

En effet, souvent un construction a une occupation largement inférieur au COS ( coefficient d'occupation du sol ) mais une surface habitable à la limite du SHON. En somme, je peux avoir un faible surface en contact avec le sol mais une quantité très importante de plancher ( genre les immeubles ... ). Donc si le SHON n'est pas augmenté, la seul et unique chose qui sera contructible ce sera, comme tu l'as sous entendu, un garage, un local pour outils ou un habrit pour nain de jardin.

Sacré lui hein ...

Claribelle a dit…

@Denis

En fait, le COS et la SHON sont liés. Le COS (Coefficient d’Occupation des Sols) correspond à la densité de SHON admise sur une parcelle.
Ex: un terrain de 500m2 avec un COS de 0,4 donne une SHON de 200m2 donc 30% de plus permet de construire 60m2 supplémentaires.

Sauf que la loi va changer : à partir du 1er mars 2012, aux termes du décret n° 2011-2054 du 29 décembre 2011, la surface de plancher devra remplacer les notions de SHOB et de SHON.
En outre, la notion d’emprise au sol pourra également conditionner les formalités administratives requises avant de construire.
voir: http://www.urbinfos.com/droits-devoirs-contentieux/surface-de-plancher-et-emprise-au-sol-decret-calcul-surfaces-deduction.html
On va rire !!!

Mire Adore a dit…

Hum... et vous pensez toujours de M. Sarkozy "devrait être au second tour" ?

Asclespios a dit…

Il est surprenant de voir que la plupart des gens sont accaparés par cette daube qui ne favorise que les propriétaires et les gros bâtisseurs alors que :
"Dorénavant, les salaires et la durée du travail seront fixés entreprise par entreprise".
Décision qui porte un sacré coup au code du travail sans faire réagir beaucoup de monde.
Mais j'ai du rater quelque chose.

pupuce a dit…

enfin la merde monte un peu...je me sens un peu moins seule, tiens. je suis contente, parce que quand ça touche que des pauvres dans mon genre tout le monde s'en branle, alors que si les bobos commencent à morfler, y'aura peut être enfin une réaction populaire.

tiens, dans le genre depuis le temps que je le dis ça commence enfin à se confirmer, le sacro saint couple n'est le plus souvent rien d'autre qu'une pme de malheureux contraints à la vie commune par le problème du logement:

http://www.rue89.com/2012/02/01/la-crise-du-logement-touche-davantage-les-classes-moyennes-228959

j'attends toujours de voir nos bobos féministes se réveiller et réaliser que nous sommes toutes en danger, nos bas salaires, la charge des enfants, notre précarité grandissante, nous expose chaque jour plus nombreuses aux violences domestiques que nous n'avons plus d'autre choix que de subir pour ne pas finir à la rue (allez au cinéma les bobos, vous y verrez la vie d'une femme à la rue, c'est meugnon avouez, on découvre l'eau chaude tous les matins dans ce pays malheureusement c'est pas sous la douche ça nous éviterait peut être la puanteur de cette pensée libertarienne immonde) (et ils paient pour voir ça mais ils filent pas 2 euros à la meuf en vrai parce qu'attends elle est rom, quoi, pis tu sais Kévin c'est pas bien d'encourager la mendicité des enfants, hein, aussi).

mais là aussi, faudra attendre que les bobos se prennent leurs premières mandales dans la tronche pour qu'elle pigent, sans doute.

vu ce qu'on réserve niveau code du travail, ça devrait plus tarder...les cadres évacueront la pression subie au boulot pour casquer la facture logement grandissante sur leurs nanas d'ici pas tard à la même échelle que les prolos et miséreux de tous poils depuis deux siècles.

on va rire.

vous allez voir les richous privilégiés de naissance, les petits bobos de gogoche caviar, les bien pensants (c'est pas cher la bien pensance) qui n'ont jamais eu ni faim ni froid ni la trouille, droitards qui s'ignorent, ça va nous rapprocher, tout ça.

vous allez y goûter, enfin, et nous autres les pauvres, les "cons", les "fous", les "parasites", les "assistés", les femmes, plus exposées, "consentantes" "t'avais qu'à pas mettre de jupe t'avais qu'à être polie si tu restes c'est que t'aimes ça" etc, on va bien se fendre la gueule de vous voir expérimenter la "manne" de l'aide sociale et autres joies de la prétendue "solidarité" auxquelles nous avons été condamnés de naissance.

que la merde monte, c'est mon seul souhait.
que la merde monte encore, plus haut plus fort!
que tout le monde y goûte!
ça va rappeler un peu le concept d'égalité.

il a bien raison d'enfoncer le clou Sarko, la tête dépasse encore, faut taper plus fort, on prend du retard sur les usa, là, y'a pas assez de saisies immobilières chez nous. Ressaisissez-vous, sinistres, qu'est ce que vous foutez? Le peuple en redemande, allons, cognez plus fort!

Austérité! Privations! Souffrances pour tout le monde!
Tous à la rue! ça va les motiver à manifester au moins, ces cons.
Yes we can!

(moi je m'en fous le pire j'ai déjà eu, c'est pas à moi que ça va faire peur, héhé, faut quand même que ça ait un avantage, hein)

Anonyme a dit…

"« Qu’en est-il de la France ? Elle ressemble bien plus à l’Italie qu’à la Finlande. La dette nette de l’Etat est de l’ordre de 80 % du PIB et le patrimoine net de la population française de 510 % du PIB. Au total, les Français sont encore plus riches que les Italiens, avec environ 135 000 euros par tête en 2011. De quoi faire rêver les Allemands : le patrimoine net des particuliers et de l’Etat y est de 320 % du PIB, très proche du ratio finnois, mais avec un PIB par habitant plus faible, cela ne représente que 100 000 euros par tête.

Il se dessine donc deux Europe. Celle des Etats riches mais des populations relativement humbles, et celle des Etats endettés, mais des populations en moyenne riches. Nos voisins n’ont donc pas vraiment tort. Avant d’en appeler à la solidarité européenne, la solution à la dégradation des finances publiques en Italie ou en France pourrait passer par des efforts nationaux. »

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/30/trop-de-riches-tue-l-impot_1636198_3232.html

Toutatis a dit…

ça ne veut rien dire cette richesse des habitants.
Puisqu'en France elle est due uniquement à la bulle immobilière. Si on tape trop sur les proprios on crée une récession et le marché s'écroule, et la soit-disant richesse part en fumée (ce ne serait pas si mal d'ailleurs).
Elle éclatera inéluctablement, comme toutes les autres.

BA a dit…

Un symbole.

Les ouvriers n'étaient pas là.

Les ouvriers étaient absents, alors l'Elysée a fait appel à des figurants pour jouer la comédie devant les médias.

C'est un symbole du quinquennat Sarkozy : des figurants qui jouent la comédie.

Une mascarade.

Vendredi 3 février 2012 :

Quelques jours après ses annonces télévisées, le président de la République était, jeudi 2 février, dans l'Essonne pour défendre son plan, très critiqué, pour tenter de régler la crise du logement par la hausse de 30% des droits à construire. Afin de mettre le tout en images pour les médias audiovisuels, il a visité un chantier à Mennecy où il fut accueilli par des ouvriers, avec leurs casques et en tenue de travail : la photo a depuis été reprise par toutes les rédactions, dont Le Monde.fr.

Mais Europe 1 révèle ce vendredi matin qu'une partie des ouvriers présents ne travaillaient pas sur ce chantier. Pire, certains ne seraient même pas des ouvriers en bâtiment, mais de simples figurants.

Selon un cadre du chantier qui s'est confié à la radio :"Ils voulaient plus de monde autour de Nicolas Sarkozy". L'Elysée aurait été jusqu'à demander de doubler les effectifs le temps du passage du président.

Selon Europe 1 ce serait ainsi plusieurs dizaines n'appartenant pas au chantier qui serait venu jouer la comédie en se glissant parmi les soixante vrais ouvriers. Certains aurait été rapatriés de chantiers voisins, d'autres seraient des fournisseurs, des chef de chantiers...

Les présents auraient par ailleurs été priés de faire semblant de travailler devant la presse alors qu'à cause des températures glaciales des derniers jours, il leur était normalement interdit de travailler. Selon Europe 1, ils seraient d'ailleurs rentrés chez eux juste après le chantier.

Interrogé, l'Elysée n'a pas nié. "Nous avons simplement voulu donner la possibilité d'être présents, à tous ceux qui ont, par le passé, ou auraient à l'avenir à travailler sur ce chantier", a expliqué le service communication de la présidence à Europe 1.

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/03/des-figurants-pour-accueillir-nicolas-sarkozy_1638331_1471069.html

Anonyme a dit…

Quelqu'un qui explique bien tout cela c'est Alain Soral :

http://www.dailymotion.com/video/xoalww_alain-soral-et-pierre-jovanovic-revue-de-presse-de-fevrier-2012_news?start=1211#from=embediframe

Top Ad 728x90