27 mai 2008

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GENERATION M6

Il y avait longtemps que je n’avais pas regardé un de ces programmes de "coaching" de la petite chaîne qui n’a pas peur du ridicule du moment que ça fait de la part de marché…

Hier soir, M6 a encore défoncé les portes de la gloire, m’offrant encore un peu plus de perspective sur les aspirations et les ambitions du peuple de France !

Après avoir aidé Monsieur Bonne Truffe à acheter, à construire et à décorer le « Xanadu » Français qu’est son pavillon individuel en parpaings et sentant que même dans la dégringolade du marché immobilier la chaîne avait son épingle et des sponsors à tirer, M6 propose désormais à monsieur Crétin de l’aider à vendre sa parcelle de mocheté en béton beige qu’il a sur les bras depuis des mois !

Et le show "Maison à Vendre" de nous présenter ce jeune couple de Pontault-Combault qui vit un de ces drames occidentaux qui ont raison des plus cons.

Les pauvres malheureux en question, un couple de trentenaires qui se lèvent tôt pour avaler toutes les couleuvres, n’arrivent pas à se débarrasser de leur pavillon de 95m2 alors qu’ils en ont déjà acheté un autre à 100 mètres de là que j’imagine strictement identique avec une pièce de plus vu l’uniformité du quartier.

Ces damnés de la terre, doublement propriétaires et victimes d’un odieux prêt relais, n’ont plus que 1200 euros pour vivre à 4 chaque mois. La guigne : Depuis un an, malgré 50 visites, pas de vente en vue. C’est que les pavillons foireux partant en miettes sept ans après leur construction, c’est pas ce qui manque à la vente dans le quartier. Alors à 310.000 euros, malgré ce que leur ont dit en 1999 le promoteur et le banquier - des larrons de confiance qui savent ce qu’ils font (cf subprime) -, faudrait plus trop voir à rêver.

Persuadé qu’il était d’être assis sur un tas d’or, le couple goguenard peine à réaliser qu’il est enlisé dans une fosse à emmerdes. Après la tournée des agences immobilières, le message principal de l’émission est bien passé : les prix se cassent la gueule et ça va continuer. Le couple commence à comprendre qu’il va falloir faire une croix sur ses ambitions bling-blingesque de culbute financière. Si les bouseux qui se prenaient pour Bouygues s’en sortent sans interdit bancaire, ce sera déjà une bonne affaire.

le coach, très Damido-isé par la direction, fait le tour du propriétaire histoire de rendre un peu plus bandant le palais merdeux.

Bordel à tous les étages et désintérêt total du couple pour une quelconque mise en valeur. Le couple hypnotisé par la plus-value annoncée par le banquier sept ans plus tôt, pensait que cela suffirait pour décider un acheteur. Du coup, avec son papier peint dégelasse et sa penderie dans le salon, le couple jette littéralement sa maison à la gueule des acquéreurs potentiels.

Premier conseil du coach : - Rangez vos affaires ! Madame pense très fort : Ah merde, c’est compliqué de vendre. Le banquier m’avait pas dit.

Le coach entame alors avec son équipe de fées du logis - dont on ne sait bien sur pas qui règle les salaires - des travaux de réhabilitations et de déco efficaces et à faible coût, qui redonnent au taudis ce cachet intérieur "made in M6" fait de gros stickers à fleur, de lampes palmiers, de pastels et de mauve si tendances chez les jeunes couples sans idées mais soucieux d’être branchés comme leur voisin.

Résultat des courses, c’est tellement « vachement bien redécoré » que la proprio est dégoûtée. Pour peu, elle irait voir son banquier pour lui prendre un troisième prêt histoire de s’auto-racheter la maison.

La phrase est prononcée : « - Zut, on aurait du la garder. » Comprend-elle, la pas futée, que si elle avait rangé un peu son bazar, elle n'aurait peut-être pas acheté une autre maison ? Pas sur.

Étonnement, pas une fois durant le reportage n’ont été évoquées les raisons d’un exil si lointain (le bout de la rue) dans une maison tellement différente (la même). Envie de changer d’environnement comme dans « Déco and Co » ? Envie de faire un bénéfice sur la vente comme les nouveaux riches que l’on voit dans « Capital » ? Envie simple d’acheter comme ces gens heureux dans « Recherche maison désespérément » ? Il y avait pourtant là un vrai sujet sur l’absurdité, l’ennui, le sur-consumérisme de nos sociétés et la manipulation des pauvres types par les chaînes de télé sponsorisées par les banques et les promoteurs.

Pas de bol pour l’épouse : tout son gourbis a été transféré dans le nouveau palais qui retrouve ce look de décharge pour articles inutiles de supermarché qu'avait son ancienne maison.

Nous entrons donc dans une spirale baissière de l’immobilier bas de gamme qui va en faire pleurer beaucoup. Toujours les mêmes. Ceux intoxiqués par la raison du banquier qui achètent parce que « les prix montent » et n’achètent pas parce que « les prix baissent ». Les mêmes qui bientôt vous traiteront de salauds parce que vous leur rachèterez à 2 un bien qui en vaut 5 mais qu’ils ont payé 10.

A ceux-là, je n’ai qu’un conseil à donner : Arrêtez de regarder M6. C'est pas gagné... à moins que la chaîne en question ne fasse une émission gavée d’"ambiant music" et de couleurs pastels pour leur expliquer.

7 comments:

Anonyme a dit…

Marrant, tu as vu donc la suite de ce que j'avais vu il y a quelques semaines... à peine : Rêves de pierres

Anonyme a dit…

J'avais vu un des épisodes précédents (le choix des programmes étant limité ce soir-là, je m'étais rabattu sur cette daube). Force est de constater qu'une partie de nos concitoyens sont des cons finis qui se prennent pour des rupins en plus. Le couple en question avait réussi à acheter une baraque ou un des murs présentait une fissure qui m'aurait fait fuir illico presto ; ben non, eux ils achètent, les tâches.
Dans ce couple, il y en avait pas un pour racheter l'autre, aussi cons l'un que l'autre, une phrase que j'adore : on est propriétaire ; ben non mon con, tu seras proprio quand t'auras fini de payer, pour l'instant t'es accédant à la propriété et pour le moment tu paies les intérêts, tu commenceras à payer les ruines 20 ans plus tard, ce genre de programme a au moins le mérite de me faire rigoler, Sarkozy a encore de beaux jours devant lui grâce à des cons pareils...

Anonyme a dit…

Même s'il n'y a pas que du faux dans vos propos, je serais curieux de connaître votre statut ?
Vous parlez de l'immobilier avec beaucoup de détachement, un peu comme les vaches regardent passer le train. Vous dénoncez un système qu'en toute logique, du moins, celle distillée par vos propos acerbes, vous ne devez pas cautionner... forcément !!! Pourtant où vivez-vous ? Dans une grotte ??? Parceque soit vous êtes "accédant" (comme 90% des propriétaires en france...) et vous pouvez malgré tout espérer vous constituer un petit patrimoine; soit vous êtes locataires et dans le cadre de vos propos, à jeter l'argent par les fenêtres, vous êtes encore plus ridicule que les "accédants" que vous dénoncez; soit vous vivez au crochet de la société et là, estimez-vous encore heureux que des gogos paient les yeux de la tête pour vous sans quoi vous n'auriez même pas un PC pour exprimer votre mépris de la société...

Seb Musset a dit…

Bonjour, je vais prochainement publier une vidéo qui répondra à vos questions.
Non, je ne suis pas propriétaire et ne l'ai jamais été et n'ai spécialement pas envie de le devenir, en tous les cas tant que je ne peux pas payer cash.
Je ne vis pas non plus "au crochet" de la société bien que je ne vois pas en quoi ce serait plus condamnable que de vivre "au crochet" de son boulot, de sa famille ou de sa banque (ce qui est souvent le cas de ceux qui ne vivent pas "au crochet" de la société).
Pour un début de réponse, je vous renvoie à cet article que j'ai écrit pour le post.fr il y a quelques mois, au début de la dégringolade annoncée de l'immobilier...
http://www.lepost.fr/article/2008/03/06/1110304_10-ans-de-location-mes-conclusions_1_0_1.html

Anonyme a dit…

Je découvre ce blog que j'ai aussitôt marque-tapagé ! Quel talent !
Pour réagir à la réaction : être locataire, c'est ne rien posséder...soit,c'est ma philosophie ! De toute façon, un linceul n'a pas de poches...et pour citer un film tiré d'un livre de Chris Palaniuk : sur un temps suffisamment long, l'espérance de vie de chacun retombe à un chiffre proche de zéro.
A quoi bon se faire enterrer avec sa Rollex ?
On peut avoir l'usage des choses sans toutefois les posséder ( je cite Mr Univers sale quand il veut me vendre de la musique en mp3 avec protection DRM... )
De nos jours, on loue nos appartements, on loue nos véhicules, nos DVD, on loue différents services, on en garde tout de même l'usage au quotidien, et j'en loue le ciel.
Alors même si on se fait plumer, le "locatariat" est une alternative au
"possederariat", car plus on possède, plus on ressent de l'insécurité ( de peur d'être dépossédé ) plus on consomme pour se rassurer donc plus on possède...etc
Ca donne le temps de s'interroger sur ce dont on a vraiment besoin...
Malheur..! le citoyen nouveau pense par lui même...!

Unknown a dit…

Merci Seb (et Grand Francois) pour ces réflexions qui réconfortent. Parce qu'on a parfois le sentiment d'être pris pour des fous (au mieux), des looser (un classique) ou pire, des demeurés pour ne pas suivre le petit bonhomme de vie bien planplan, la "propriété prolétariale", les mouflets, le chien, le 4x4, le plasma, les références TF1, le diner en salle à manger comme chez mamie (télé allumée) et la balade dominicale...

Je ne sais plus qui disait sur un commentaire Dailymotion que tu lui avais ouvert les yeux à tel point qu'elle avait arrêté de regarder la télévision. Je pense qu'en effet, une fois qu'on s'affranchit de ce gavage passif, on y voit nettement plus clair. Cela fait 4 ans que je n'ai plus de télévision, à tel point que je me suis rendu compte que lorsque je vais chez quelqu'un et qu'une télévision est allumée, je suis complètement hypnotisé. L'arme absolue en matière de lobotomie ressemble à s'y méprendre à cette boite de pandore... Je ne loupe rien sans télé, je précise.

J'ai eu l'occasion de voir une de ces émissions, j'ai réellement ressenti ce sentiment de pitié devant cette pauvreté intellectuelle qui supplante celle du portefeuille. Depuis peu, j'essaie de me persuader que la bêtise des gens et leur avarice sont la source de leur(s) ennuis et que ce qui leur arrive est finalement un juste retour de bâton.

Bande d'andouilles, prenez le temps de vous poser 3 secondes, éteindre les idioties lobomistiques et prendre une calculatrice...

En particulier M. l'anonyme du 30 mai à 02h22 :
Avant de prendre le temps de répondre à une réflexion mûrie, il est de bon ton de coller 7 fois sa langue dans sa poche. Vous faites partie de ce troupeau sans tête qui reproduit ce qu'on lui ordonne de faire. Louer n'a jamais été synonyme d'argent jeté par les fenêtres et il me suffirait de 3 minutes pour vous démontrer que dans les conditions actuelles, celui qui jette l'argent par les fenêtres, c'est le propriétaire de dettes, pas le locataire. Il était financièrement avantageux d'acheter jusqu'en 2003. Depuis, ce comportement relève d'une absurdité sans nom. Quant à cette flambée des prix adossée sur une spéculation de masse des accédants qui n'ont pas compris qu'ils perdaient de l'argent à mesure que les prix augmentaient et faisaient monter la "valeur" de leur bien... Il s'agit bien d'un comportement moutonnier que de croire en la pirouette de la plus-value lorsque l'on parle de résidence principale... Posez-vous un instant et mettez de côté le concours de quéquettes qui consiste à comparer vos plus values et constatez simplement que celui qui a la plus grosse c'est celui qui vous vend la prochaine ruine. En gros, un peu de jugeotte et tout le monde vendrait au plus bas plutôt que de réfléchir à l'envers...

Quant à camper sur la position d'accédant pour se constituer un patrimoine... Il y aurait trop à développer. Mais là encore, on devrait imposer un peu plus de mathématiques et de gestion au lycée... Bon courage à vous si vous espérez revendre plus cher en ayant acheté depuis 2006, plus avant 20 ans maintenant... pour peu qu'on ne suive pas l'exemple du japon... Je vous plains beaucoup, vous, avec vos dettes pour votre pavillon de sucre acheté 2 ou 3 fois sa valeur et dans l'impossibilité de vous débarrasser de la patate chaude...

Et pour éviter le sarcasme, je suis locataire, mais suffisamment bien lotis pour pouvoir me ruiner à loisir dans l'immobilier. J'ai 31 ans et je ne vis pas aux crochets de la société, je suis juste un indépendant qui vit très bien en travaillant 2 jours par semaine parce que j'ai pris 3 minutes de mon temps qui m'ont évitées de rentrer dans le rang et d'obéir au petit écran et aux petits chefs en tant que col blanc sur-exploité...

Merci encore d'avoir partagé votre point de vue sur le monde qui nous entoure et chapeau à Grand Francois pour cette culture générale étendue, j'en regretterais presque de ne pas avoir été plus assidu aux cours d'histoire, étant plus jeune. Mais je ne suis qu'un homme, paresseux, qui préférait courir les jupes des filles...

Anonyme a dit…

C'est amusant mais même 4 ans après, il n'est pas nécessaire de changer une ligne.

Mieux j'ai découvert cette semaine "une agence immobilière" dans ma ville qui reprend quasiment mot pour mot les "éléments de langage" des émissions de coaching d'M6: "home staging" comme ils disent, couleurs neutres (par référence à ces émissions ça doit être rouge et violine), dé-personnification (sans doute parce que dépersonnaliser ça fait pas "djeun's" et que c'est toujours mieux que de dire on va foutre l'étagère billy de chez Ikea).

Sauf erreur, cette agence a même fait acte d’innovation en ajoutant les mots "proximité" et "équitable".

Ca donne une formule fabuleuse: "une nouvelle agence immobilière à T. vous accompagne dans l'achat ou la vente de votre bien.
L'expérience des nouvelles techniques de vente: home staging - dé-personnification - conseils d'éco.
Les plus? Un échange de proximité dans une relation équitable avec des artisans. Un luxe aujourd'hui! Ceci afin de vendre ou acheter votre bien au meilleur prix"

Ca veut pas dire grand chose, la nénette qui fait ça mélange un peu tout dans un joyeux bordel de phrases prémâchées débilisantes et n'a sans doute aucune des assurances nécessaires pour présenter des artisans et se lancer dans le bricolage en plus de son activité.

Ça semble rien, mais je suis juste sur le cul de voir que cet abêtissement est une référence dans l'esprit des gens et que l'on retrouve ce verbiage placardé sur les vitrines...

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