3 mars 2008

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CINQ ANS AU BIDET

Sur le plan économique, qu'est-ce qui a changé entre 2005 et 2008 dans la société française ?
En 2005, je m'inquiétais des contrecoups sociaux sur les travailleurs de cette quête du « toujours moins cher » dont faisaient étalage les consommateurs, et pas les plus pauvres. A l'époque, je m'étonnais du manque de clairvoyance du consommateur ne réfléchissant pas plus loin que le bout de son nez. Allait-il comprendre qu'un jour prochain il pâtirait de sa soif d'achat à prix réduit ? Qu'à coups "de prix cassés" et de "Made in Bangladesh",il rédigeait peu à peu son arrêt de mort de salarié assorti d'une qualité de vie de plus en plus médiocre ?

En 2008. Sur le fond de la crise, de l'endettement privé et de la course au "discount", c'est globalement la même chanson. La principale nuance qui n'avait pas été anticipée par les classes moyennes il y a trois ans, c'est la hausse des taux d'intérêts et la forte poussée du prix des matières premières alimentaires et énergétiques. Je précise à dessein « par les classes moyennes ». Les revenus les plus pauvres constatant, eux, depuis cinq ans la hausse du prix de ce qui est la base de leurs dépenses quotidiennes : la nourriture et l'énergie. Les classes moyennes, à force de faire la "chasse au discount" dans les produits high-tech en hypermarché - ce qui constitue souvent leur divertissement principal et leur seule activité culturelle - se satisfaisaient jusque alors de ce téléphone portable « à moitié prix » ou de l'écran plasma « vraiment pas cher, à ce prix là c'est une affaire ». Se rendant compte trop tard du prix des abonnements contractés avec ces objets et du montant exponentiel des paniers alimentaires et énergétiques, indispensables mais jugés « facultatifs » en ce sens qu'ils ne leur fournissent aucune jouissance égotique. Voilà donc en 2008 que "les charges quotidiennes coûtent plus chères" et ça, ça énerve un peuple à qui l'Homme de Fer (de Neuilly) avait promis de joyeux lendemains de consommateurs. « C'est pas possible, ça ne peut plus durer ! Salauds d'hypermarchés ! » est désormais le cri de guerre de l'intervenant téléphonique, français moyen et sarkoziste déçu, sur les ondes des radios périphériques. Il oublie un peu vite ses joies passées de consommateur, jouisseur sporadique, lorsqu'il se gavait par exemple de 3 lecteurs dvd à 29.99 euros pièce, « un pour lui, un pour sa femme, un pour sa fille, à ce prix là faut en profiter » dans les rayons illuminés des mêmes hypermarchés.

Oh que si, la hausse peut continuer gentil Français qui a fait le choix de raccorder son wagon de bêtise au train du libéralisme outrancier en mai dernier ! Fais un tour en Europe et tu constateras qu'en matière d'écran plat comme de pack de lait et de prix de l'électricité, La France est encore un pays bon marché ! Classe moyenne, rien n'est encore catastrophique dans ta vie malgré la hausse des prix. Il suffirait que tu te déshabitues de ton train-train consumériste high-tech et globalement de ta vie à crédit. Seulement voilà, le confort ça ne s'oublie pas et les traites ça ne s'efface pas. Pathétique démocratie d'opinion où il faut attendre que les classes moyennes soient angoissées par leur "baisse du pouvoir d'achat" pour que l'on se soucie des risques de pauvreté en France alors qu'il y a dans ce pays 7 millions de personne vivant loin des caméras de TF1 dans l'extrême pauvreté. Il faut donc attendre que le mécontentement de "l'empavillonné à crédit" dégouté de pas pouvoir acheter le dernier Ipod Nano parce qu'il a déjà tout dépensé dans le plein de son 4X4, pour que l'on discute enfin, et sans effet, de la hausse des prix dans la grande distribution. Une hausse en cours depuis le passage à l'euro en 2002 mais décrétée tabou par le consensus politique à chaque échéance électorale, sauf pour la prochaine.

Prospective à trois ans ? Aucune idée. J'ai juste une intuition. J'invite la classe moyenne, si quelques-uns de ses représentants tiennent jusqu'au bout de ce post, à pousser la réflexion un peu plus loin que les slogans publicitaires sur ce mot de bon gestionnaire qui actuellement rassure jusqu'au dernier pessimiste : IMMOBILIER.



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