30 janvier 2007

L'ABSENCE DE FAIM JUSTIFIE LES MOYENS

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Captivante enquête télévisée* sur la France des classes moyennes. De ses revenus les plus bas - les ouvriers à mille cinq cent euros / mois - à ceux les plus élevés - fonctionnaires et employés du tertiaire à deux mille deux cent euros / mois - tous ont des traits communs, un air de famille, le poids de la soumission. Autant de petits couples qui sont de véritables petites PME. Ils sont propriétaires de leurs pavillons achetés à crédit sur vingt ans minimum, cumulent plusieurs autres crédits, sont parents de deux enfants qu’ils ont eu vers vingt-cinq ans, disposent de tout le confort domestique et de toute la gamme de produits high-tech encore inaccessibles, voire non inventés, il y a dix ans. Ils sont fiers de jongler avec les crédits car ce n’est plus tabou. On les reconnaît également à cette faculté d’appréhender les problèmes sociaux selon leur seul point de vue étriqué, reportant leur manque de pouvoir d’achat sur les autres, les riches et les pauvres, les toujours plus riches et ces assistés qui ne foutent rien alors qu’eux triment toute la journée. Ne remettant à aucun moment le système de valeur basé sur l’acquisition grâce à la soumission - via le travail et l’emprunt - auquel ils se rangent euphorique et qui est la cause évidente de leur mal-être.

Car, entre être et avoir, ils ont clairement fait le choix. Ils sont prêts à toutes les brimades professionnelles, les interminables heures de transport et toutes les vilenies électorales pour préserver leur niveau de vie, généralement calqué sur celui de leurs parents, ce barnum d’apparences qui les relie au monde des autres, celui de leurs voisins clones auxquels ils n’adressent pas la parole et qui les entourent dans ces pavillons bétonnés à la chaîne en périphérie toujours plus éloignée des centres urbains. Des cocons à l’abri de la misère du monde qui sont, à l’évidence, les cités sensibles de demain mais qu’importe, la réflexion n’est pas la qualité principale des primos-accédants. Fuyant l’injustice du marché de l’immobilier toujours plus élevé, ils se sont décidés à emprunter pour acheter cette maison individuelle, le Graal français. Ils caracolent devant les fondations du pavillon en construction pas loin de la zone commerciale. Ils vont éviter ainsi de payer un loyer. Et peu importe s’ils s’assurent ainsi trente ans de résignation tout en contribuant à faire grimper les prix de l’immobilier pour accroître davantage l’injustice pour les autres : Ils sont proprios !

Tout le pari économique de la France d’aujourd’hui est de soumettre au travail et à l’emprunt toujours plus de ces classes moyennes, de les mettre au pas dès le plus jeune âge et de faire payer aux pauvres d’esprit leurs rêves d’émancipation au prix d’une soumission totale au dogme du capitalisme, et ce jusqu’à leur pierre tombale payable en douze fois.

Quel pouvoir d'achat ? Celui d’avoir plus ? Maison, confort, famille nombreuse : ils n'ont jamais eu autant. Les économistes considèrent que le modèle capitaliste sera préservé tant que les classes moyennes prospéreront comme autant de victimes et de bourreaux réunis dans le même corps social. En plus de reproduire à sa minime échelle les injustices du capitalisme, la classe moyenne, conservatrice par essence, est le ventre mou de nos démocraties. J'en parle autant décomplexé qu'avec désormais sept cent euros par mois, je n'en fais plus partie !

Pour mémoire : Le taux de progression de cette classe moyenne et la propagation au niveau collectif de son rêve standard est inversement proportionnel à celui de la probabilité d’une révolution.


* complément d’enquête, France 2, lundi 29 janvier 2007

27 janvier 2007

MOZART ASSASSINES

par
Je ne parle plus ici d’enfant, de procréation, cette lubie qui illumine l’aveugle, satisfait l’instinct, contente l’optimiste et ravit le raté*. Je n’aime pas les enfants. En tant que créations de leurs parents - souvent leurs seules -, ils m’agacent. Me préservant de leur contact, j’arrive à les oublier et ne pas subir la tyrannie de cette pression sociale pourtant de plus en plus pesante. A 35 ans, ce besoin de me reproduire m’a donc passé. Il est désormais assez peu douloureux de me fondre dans la solitude éternelle et j’ai contaminé mon aimée qui déclare ne pas vouloir de grossesse non plus.

Parfois, du fond de mon cachot de confort, à chaque confrontation avec l’image de l’enfant, j’y pense pourtant encore. Sur l’écran, des gens de prés de dix ans de moins que moi sont déjà à la tête de famille nombreuse, ils ont l’air heureux. Dans ma boite aux lettres électronique, je reçois régulièrement moult rapports de crèches et photos du petit dernier exhibés tels les insignes de la légion d'honneur. Je reçois ainsi de nulle part, et alors que je n'ai plus de nouvelles d'elle depuis douze ans, la photo d'une vieille relation, ancienne désaxée notoire, l’esprit d’une huître dans le corps d’une camionneuse, que j’ai pratiquement guidé à la lampe de poche jusqu’au lit de sa première expérience sexuelle. C’était une enfant modèle, ultra protégée, bonne élève en classe, qui, comme souvent à partir de l’adolescence, est partie en vrille, sous le regard lâche de ses parents, classe moyenne aux trente-cinq heures captivée par sa quarantaine, et celui de sa grande sœur, une nymphomane notoire à la recherche, dès ses premières règles, du Mâle qui pourrait reprendre le flambeau financier de son père.
Pendant dix ans, j’ai vu errer cette graine de toxico qui traînait son mal-être dans un bain de médiocrité pavillonnaire. Inadaptée, sûrement trop originale, trop intelligente - et il en faut peu - pour ses pairs.

Sur le site de mise en contact d’anciens camarades de classe, je vois sa photo vieillie. Elle pose avec un large sourire que je ne lui ai jamais connu et qui illumine sa vilaine tête. Elle est étendue à côté de son bébé prénommé "mon ange". D’ailleurs, les deux autres espaces réservés à ses photos d’identité sont entièrement consacrés à "mon ange". Il suffit d’une rapide balade virtuelle dans les couloirs du collège de mon adolescence pour constater que beaucoup de ces anonymes coincés de l’époque sont aujourd’hui de fiers parents mettant leur progéniture en avant dans les espaces qui sont au départ réservés à leur description personnelle. C’est symptomatique, deux cas sur trois adoptent cette posture, véritable substitution d’identité. Et dire que l’on peut être condamné pour détournement de mineurs à la seule évocation du mot "zizi" à moins de cinq cent mères d’une école élémentaire et que chaque jour des centaines de dossiers d’adoption sont refusés par la DDASS à des parents sous prétexte qu’ils n’ont pas une moralité exemplaire !

Pendant ce temps, tyrans comme des lapins au rythme de deux enfants par pondeuse, nos biens heureux locaux, prototypes standards de la vacuité occidentale, sous prétexte que cela leur fait oublier leur médiocrité, abusent de l’image d’êtres innocents !

Moi, jusqu’à preuve du contraire, je me conjugue à la première personne. Mais, ne soyons pas définitifs ! Certes, je ne crois qu’à la génétique en matière de reproduction suivant une équation qui a fait ses preuves :

Un enfant = 98% de génétique et 2% d’éducation.

Mais, des coups de génie peuvent survenir. Ils sont les exceptions qui confirment la règle. Deux esprits brillants aux physiques exemplaires peuvent en effet pondre le plus caricatural des crétins heureux. De même, deux abrutis, au hasard un mi-gradé de gendarmerie et une assistante-commerciale végétative, peuvent engendrer un Mozart. Selon le célèbre principe de Morandini, la combinaison et l’historique généalogique, l’appartenance à un patrimoine commun font que tout est possible. Il est également probable que, dans ce cas, les parents benêts s’emploieront dès les premières minutes de son existence, à piétiner de leur ignorance et de leur suffisance crasses toutes les facultés du futur génie.

Les années suivantes, comptons sur l’éducation nationale et sa mise au niveau générale sur le rythme du plus médiocre, pour annihiler au plus vite le résidu de potentiel qui subsisterait encore chez notre brillant sujet.

* je renvois pour de plus amples informations à la lecture d'Avatar, un enfant du siècle, un ouvrage brillant et haut en couleur, ouvertement humaniste, que l'on peut se procurer pour une somme modique rapportée au travail fourni.

22 janvier 2007

ESPRITS LIBRES ?

par
Petite analyse de l'émission "ESPRITS LIBRES" de Guillaume Durand du Vendredi 19 janvier 2007, diffusée sur le service public, dont Nicolas Sarkozy était le sujet principal... Un bel exemple de cirage de pompes journalistique.
L'art est moins aisé que la critique... mais que dire du journalisme ?


19 janvier 2007

INTERNET, PEUPLE, ELECTION ET BANANIA

par
"Le néo-fascisme sera l’ultime expression du libéralisme social libertaire, de l’ensemble qui commence en mai 68. Sa spécificité tient dans cette formule : tout est permis, mais rien n’est possible. A la permissivité de l’abondance, de la croissance, des nouveaux modèles de consommation, succède l’interdit de la crise, de la pénurie, de la paupérisation absolue. Ces deux composantes historiques fusionnent dans les têtes, dans les esprits, créant ainsi les conditions subjectives du néo-fascisme. De Cohn-Bendit à Le Pen, la boucle est bouclée : voici venu le temps des frustrés revanchards. »
Michel Clouscard, philosophe marxiste français vivant à Gaillac.

"Croire que le peuple à son mot à dire, c'est faux"

Seb Musset, philosophe glandeur vivant en Charente.




LA BLOGOSPHERE POLITIQUE, NOUVELLE STAR ACADEMY ?

par
Peut-on critiquer les roboches posent mollement leurs anti-questions convenues, enrobées de rires génés, au monarque Chirac lors de ses voeux à la presse et, la semaine suivante, se vanter d'avoir été invité au "Sacrozy 2007" de l'aspirant-dictateur* parce que l'on est un bloggeur influent ?

Le paysage journalistique post-2007 se joue aujourd'hui...


* candidat unique et président du parti qui l'a élu à 98,1%, belle leçon de démocratie.

18 janvier 2007

TOUT VA BIEN ON EST NOMBREUX

par
Comme l’hiver trop chaud et les vœux du président, le rapport annuel de l’INSEE sur le régulièrement exceptionnellement bon taux de fécondité des femmes françaises égaye de ses pourcentages rose bonbon, en régulière augmentation, les janviers moroses. Tambours télévisuels et trompettes radiophoniques de la félicité générale ambiante ! Tout va mal mais on se multiplie donc tout va bien.

Retour vindicatif dans le discours des principaux prétendants à L’Élysée du triptyque pétainiste : travail – famille – patrie, déployé comme un rideau de fumée sur la barbarie triomphante d’une société cultivant par ailleurs l’individualisme jusque dans les derniers retranchements de la race où comment, face à la déshumanisation générique, se réjouir de l’expansion du nombre de spécimens. Et n’allons pas émettre des réserves publiques. A la différence des années précédentes, il est ouvertement mal vu de remettre en question, de remettre en perspective, juste de prendre un peu de recul sur "la bonne nouvelle mettant à mal les déclinologues".

A mon humble avis de philosophe à deux balles, si on doit parler de psychologie des masses face à ce chiffre, ces naissances répondent moins du domaine de la confiance que ceux de l'ennui, du manque d'imagination et du désir de consommation.

16 janvier 2007

SACRE FRANCAIS

par
Rien de bien bandant dans l’actualité si ce n’est le sacre napoléonien du nain à la tête de son parti démocratique qui l’a élu à 98% des suffrages exprimés. Ce nouveau démocrate est l’unique candidat, ça c’est de la rupture. Les médias, fatigués de La Royale, repartent pour deux semaines sur la séquence Nicolas. Il est vrai que l’homme reçoit depuis un mois toute la presse chez lui pour des dîners mondains que les roboches français avec toute l’ignominie qu’on leur connaît acceptent. En toute objectivité, c’est entendu. A deux doigts du Heil moi-même sur son estrade au sommet de sa pyramide devant ses fidèles trépanés, le nain les implore de le laisser tranquille : il doit convaincre le reste de la plèbe des "médiocres indécis", ces "cons de pauvre", les "crétins de gauchos" et même ceux de couleur, tous ces français télé-digérables qui voteront ce qu’on leur dira de voter. Le sacre de Sarkozy ? C’est un meeting de Le Pen à la sauce Tony Blair. A gauche comme à droite, 2007 est l’année de l’hallucination collective.

4 janvier 2007

DES TENTES ET DES BEAUFS

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Surfant sur les résidus temporaires de mauvaise conscience bourgeoise post-festivités, l’association des enfants de don quichotte gonfle la gêne des politiques au sujet des cent milles sans-abri et des millions de mal logés dans notre pays. Dans ses vœux, Chirac veut faire voter - avant les élections présidentielles - par l’assemblée le droit au logement opposable qui permettrait à chaque sans-abri d’attaquer judiciairement sa commune pour qu’elle lui trouve sous délais un logement. Au-delà de l’inconscience des effets collatéraux pratiques d’une telle décision - comportement somme toutes classique du président -, la promesse s’attaque aux lampistes.

Les principaux responsables de la crise du logement français sont les spéculateurs, français moyens crédules bercés par le discours des banques en même temps qu’ils sont stressés par des médias - et notamment leur préféré TF1, filiale du groupe BTP Bouygues « les maisons de maçon » - les incitant à acheter, même et surtout s’ils ne possèdent rien. A partir du moment où la masse est prête à s’endetter sur cinquante ans pour acquérir un deux pièces, le prix de l’immobilier n’est pas prêt de baisser. CQFD. Il n’y a donc que deux solutions : plafonner au niveau législatif le prix du mètre carré locatif ou alors endetter les SDF ! Quelque chose me dit que les principaux candidats à la présidence, trop soucieux de ne pas perdre leur électorat de base, opteraient pour la seconde hypothèse.

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